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austrelieculture
1 octobre 2009

En vallée du Lys

Reprenons où nous en étions... le WWOOFing, qu'est-ce que c'est ? Pourquoi la Tasmanie ? Quelle mouche m'a piquée pour quitter tout ce que je connais de l'Australie pour me lancer seule dans cette nouvelle expérience ?
Après une semaine passée à Lilydale (à 20kms de Launceston, au Nord de la Tasmanie) dans la ferme bio de John, Lesley et leur fille Jasmine, je peux apporter quelques éléments de réponse.

Cette "ferme bio" regroupe en fait plusieurs entreprises, qu'ils ont eux-mêmes montées. Lesley gère un immense potager : elle le designe, l'entretien et vend la production sous forme de paniers que les clients viennent chercher le samedi. Elle sème ce que ceux-ci lui commandent. Elle aimerait, dans les périodes où abondent les récoltes, ouvrir les portes de ses potagers pour que d'autres clients, ponctuels, s'y servent directement et paient au poids... John est monsieur bricolage donc il a toujours quelque chose à faire. Il a planté il y a quelques années des arbres fruitiers partout autour de la propriété : surtout des fruits rouges, quelques pruniers et des noyers. Pour le moment, les récoltes n'abondent pas, mais ça viendra. Il gère aussi la location de leurs deux bed&breakfast (gîtes) et les allers et venues des WWOOFers. Ils produisent aussi du miel (quel bonheur !) et vendent des œufs (quel bonheur bis !).

Lilydale_048

En gros, je suis chez eux pour leur donner un coup de main dans leur vie professionnelle surtout, mais aussi parfois, dans celle du quotidien... et pour cause, je vis sous leur toit, donc ça serait dingue de ne pas y participer ! Les tâches sont variées selon les besoins et la météo : je peux jardiner, aider à déplacer des trucs (genre un tipi !), faire le ménage dans les bed&breakfast, nourrir les poules, faire quelque chose de tous ces légumes qui arrivent tous les jours... je travaille environ 4-5h par jour, plutôt le matin, puis je suis libre. J'ai alors le temps de bouquiner, de me promener, de passer du temps avec eux (écouter Neil Young, lire Tintin en Espéranto, mater des films, jouer de la musique...)... Et comme ils sont adorables et que je ne peux pas tenir en place, je "travaille" volontiers un peu plus : dehors s'il fait beau et dedans pour cuisiner si le temps n'est pas très clément. Je ne suis absolument pas obligée d'en faire plus, mais ces activités sont tellement plaisantes que je les fais assez naturellement... surtout la cuisine... comme c'est agréable d'avoir le temps d'inventer ou d'explorer de nouvelles recettes en fonction de ce que je trouve dans le jardin et les placards ! (Je réalise que partout où je vais, la visite de la cuisine est toujours le meilleur moyen de me sentir chez moi !)

Lilydale_041

Je ne suis pas payée pour ces travaux, mais logée et nourrie. Ca pourrait être suffisant en soi, mais en fait, je reçois bien plus en me plongeant dans le quotidien de ces gens : de l'inspiration et de la réflexion. Ils réalisent leur rêve en vivant dans un environnement sain, tout en étant prêts à accueillir chez eux des inconnus pour minimum une semaine... bien plus qu'un échange de services de base, il s'agit d'une vraie rencontre, où les goûts, les idées et les expériences de chacun se rencontrent et se nourrissent.

Pour eux, accueillir des WWOOFers, c'est non seulement de la main d'œuvre pour presque rien, mais c'est aussi une ouverture sur le monde extérieur. Ils ont beau être plus qu'investis dans leur entreprise, ils restent aussi très curieux de ce qui se passe ailleurs, d'où leur engagement dans des réseaux internationaux (WWOOFing, groupe australien Esperanto) ou locaux (bed&breakfast, vente de paniers-légumes, ateliers de sensibilisation à l'environnement...). Internet joue un rôle très important pour coordonner tous ces intérêts et pour rester en contact avec le monde. Je pense que ça leur facilite beaucoup la vie et la stimule parfois. Ce n'est pas la première fois que je rencontre des gens qui se lancent dans le bio et je remarque que la plupart du temps, ils ne viennent pas de ce milieu, mais plutôt de la ville et ont eu une expérience professionnelle antérieure autre... c'est peut-être grâce à cette facilité de communication qu'ils arrivent à trouver un équilibre entre leur activité et leurs autres intérêts, plus sociables... Mais d'où qu'ils viennent, j'admire et je m'inspire de leur passion, de leur engagement et de leur envie de partager tout ça.

Lilydale__29_

Pour moi, être WWOOFeuse est passionnant parce que j'expérimente un mode de vie que je ne connaissais jusqu'à présent que chez les autres : de la nature partout, une maison loin de tout (enfin y'a pire), un travail physique et d'extérieur quelque soit le temps et tous les jours, peu de visites... tout ça impliquant qu'il faut faire avec ce qu'il y a sur place, que ce soit la nourriture (shopping une fois par semaine pas plus), les gens, le temps. Au début, je me demandais un peu ce que je faisais là... il pleuvait, ventait et faisait froid (alors que dans les Blue Mountains le printemps avait déjà commencé à fleurir et réchauffer les jardins), et j'étais là, perdue au milieu de nulle part avec des gens que je ne connaissais pas en train de charger des brouettes de crottin de cheval ! Mais c'est marrant comme le cerveau se conditionne, car même si les différentes activités liées au jardinage peuvent être répétitives, éreintantes et solitaire, je me suis vite ressaisie en les appréciant comme des moments de méditation et de réflexion. J'ai en effet un temps fou pour penser à la vie, au passé, au présent, au futur, à mes envies, à mes valeurs... à moi en somme, décidément, encore et toujours ! Cela m'a permis en quelques jours de sentir que quelque chose s'assume de plus en plus en moi : je suis un mélange de ville et de campagne, je suis heureuse dans les deux environnements et il faut que je fasse quelque chose de ça ! C'est une révélation-décision qui n'étonnera pas ceux qui me connaissent bien, mais là, je ne sais pas pourquoi, ça me paraît encore plus évident qu'avant... Depuis que je suis en Australie, à part les 4 mois passés à Newtown, j'ai fui les villes et les plages pour profiter autant que possible des terres, des montagnes, et vivre autrement. Je sais que je ne pourrais pas vivre si isolée et travailler la terre tous les jours sur le long terme, mais je dois bien avouer que je me sens très à l'aise dans ce mode de vie "écolo"... Pour moi maintenant, il est normal de boire l'eau du toit, de prendre une douche quand le poêle a chauffé assez d'eau pour que ce soit agréable (dans un tel environnement, on ne ressent pas le besoin de se laver tous les jours... et ne pensez pas que c'est sale, c'est pas vrai), d'utiliser des toilettes à compost, d'être végétarienne (je confirme que c'est l'alimentation que je préfère), etc... et on n'a pas besoin de me prier pour arracher des mauvaises herbes toute une matinée, je le fais avec plaisir !

J'en apprends aussi bien-sûr beaucoup sur l'agriculture bio et c'est tout un nouveau champ lexical en anglais qui s'ouvre à moi... Déjà pour commencer, "bio" se traduit par "organic"... Je ne manquerai pas de vous faire partager ce monde quand je maitriserai mieux le sujet... j'ai hâte de tout vous dire de ma nouvelle passion : le vers-de-terre ! Oui-oui, à part être laid, il est parfait !

Pour en finir sur le WWOOFing, je voulais juste vous informer que le concept est international et qu'il est ouvert à tous, même avec un visa de touriste. Il faut payer une adhésion et un bouquin qui donne accès aux fermes bios du pays concerné (environ 40€ pour l'Australie) puis contacter celles qui vous inspirent. Après, chacun sa méthode pour "faire le tri" ! Moi j'ai décidé de choisir une région pour commencer... et j'ai choisi la Tasmanie parce que c'est là-bas qu'il fait le plus froid ! Eh ouais pas folle la guêpe, je préfère qu'il fasse 15-20°C pour travailler en plein air plutôt que 30°C comme c'est déjà le cas à Sydney ! Bref, le WWOOFing est un bon tuyau à connaître quand on veut voyager en vivant avec des locaux tout en apprenant sur l'agriculture, le jardinage... ou, dans une autre version... en bronzant, en se musclant et sans payer l'hôtel !

Après une semaine à Lilydale, je migre demain dans une autre ferme, à Liffey (à 60kms de là) dans laquelle je resterai probablement plus longtemps...

Let's continue...

Un nouvel album photos "Tasmania" est en ligne. Je le complèterai de temps en temps.

Lilydale_021

Lilydale, jeudi 1er octobre 2009, 21h20 (13h20 en France)

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